Maître Follas : Et en tant que musicien qu’est ce qui vous motive pour donner de l’énergie comme ça pour un groupe ?
Kargol’s : la passion.
Rom : Vous en vivez ?
Kargol’s : Ouais. On a serez les dents au maximum pour que le jour où on en vit, on puisse tous en vivre. Pendant longtemps, tout le financement faisait vivre, fonctionner, le groupe. Et quand on a vu que les cachets nous permettaient à chacun d’avoir nos dossier d’intermittents, on a dit " on y va ", il y a 3 ans. On peut en vivre aisément… C’est plutôt une course, comme quelqu’un qu’à un boulot et qu’est payer au plus bas.
Rom : Est-ce que vous vous positionnez plutôt dans la scène ska que punk ?
Kargol’s : On a une attitude rock au sens large.
Maître Follas : Quand je vous avait vu il y a deux ans, ça me semblait quand même plus ska, alors que ce soir, votre musique était quand même plus dure, plus violente, plus hargneuse ?
Kargol’s : Ouais sans doute. Musicalement, notre musique est plus noire, c’est indéniable. A part quelques morceaux des anciens albums, notre musique, y compris le ska, est plus noire. C’est le temps, je sais pas, l’état d’esprit. C’est peut être là que ça rejoint le problème de Marmande. Indirectement, on s’est peut être noircit musicalement.
Maître Follas : On le voit mieux sur scène que sur l’album, que je trouve un peu plus " plat ", au niveau du son.
Kargol’s : Pourtant on inclut dans le set pas mal d’anciens morceaux.
Maître Follas : Vous avez une envie particulière avec ce groupe, une ambition… ?
Kargol’s : Là on est sur un projet, on veut enregistrer un live le mois prochain ? Sur une dizaine de concert.
Maître Follas : Et au niveau du style ?
Kargol’s : Avec ce groupe, il y a une ouverture musicale obligatoire, par rapport aux personnalités. Mais on sait pas où on ira. C’est clair qu’on va pas faire toujours du ska, du skacore, du hardcore… Tout en continuant à aimer le rock et le ska. Ce qu’on écoute est de plus en plus varié. On a des musiques en commun, ou plutôt des groupes. Y’en a qui écoutent du rock, du rap, de la techno, du ska, du punk, de la salsa, du metal,…
Rom : La dernière chanson que vous avez jouer [Old Cigaret], est aussi jouée par Stevo’s Teen…
Kargol’s : C’est un morceau qui vient de nous. Ils sont venus nous voir pour nous dire, " en concert on s’amuse avec votre morceau… ". Y’a pas de problème. Y’a beaucoup de monde qui le connaît d’abord par l’album des Stevo’s Teen. C’est une forme de dédicace qu’ils nous faisaient. Et ils mettaient leur truc dessus. Il vaut mieux être repris que jamais…
Yannick : Il vous a raconté Pierrot [chanteur des Stevo’s Teen, interviewé dans Rock’n Roots n°1], la première fois qu’il a été voir un festival ska en Espagne ? C’était le Doc Martens festival, avec 4 ou 5000 neusks et il était effrayé. Il y avait 3000 skins, il était au milieu, on était en train de faire la balance. Il nous appelle comme ça : " Eh Yannick, tu sais pas quoi, t’as vu, ils sont tous rasés, c’est que des skins, mais t’affoles pas. J’ai mis ma tente, j’étais entouré de plein de skins, mais tu sais quoi ? Ils sont gentils ". Il croyait qu’on flippait. A l’époque, y’avait une grosse montée revival en Espagne, ça rassemblait tous les skins d’Espagne.
Rom : Chez vous, il y a une belle scène ska.
Kargol’s : Ouais. Chez nous à Perpignan, on joue 2/3 fois dans l’année. Il y a des gens, des assoss, des groupes, tout le monde se bouge pour organiser des concerts. Ça va de 4000 à 200 personnes. Avant, il y avait personne. Mais la musique, généralement, ça bouge bien. C’est pas que le ska en particulier.
Maître Follas : C’est le soleil ?
Kargol’s : Non, dans le Nord c’est bien aussi. Le soleil ça favorise les concerts en plein air mais c’est tout.
Rom : Et le nom du groupe, ça vient d’où ?
Kargol’s : ça veut dire escargot en catalan. Il y a une tradition en Catalogne : les jours de fêtes, quand tu veux te réunir avec des amis, tu fais cuire des escargots. Donc c’est le côté convivialité, amitié. On a fêté nos 10 ans, on a fait une cargolade. On a fait ça dans un bar avec 300 personnes, avec des groupes qui ont joué. Quand on a fait la cargolade, il pleuvait, comme il avait jamais plu depuis longtemps. On s’est gelé les couilles.
Après avoir un peu discuté de la position géostratégique de l’Alsace et de la Catalogne par rapport à la scène ska, nous sommes repartis, sans nous douter que 10 jours après, nous apprendrions la séparation, inexpliquée, du groupe. Mais je suppose que nous retrouverons bientôt ces musiciens sur scène dans diverses formations…