6/ La première fois que j’ai entendu parler de RHM, c’était sous l’appellation " Distro gegen Manfred ". Peux tu nous expliquer ça ? Qu’est ce que tu as contre Manfred Rude ?

Oulà … mazette ! tout ça. Je ne crois pas que nulle part j’ai dit ou écrit que telle est la vocation de redheadman. Il faut replacer les choses à leur juste mesure. Red Head Man est une association loi 1901 fonctionnant , sur la liste il y a entre 200 et 250 références, le nombre de personnes recevant la liste est du même ordre et le nombre de personnes commandant très régulièrement ne dépasse pas quelques dizaines. Personne ne vit pas de la distro ni du label il n’y a que de la passion là dedans. Maintenant une chose est claire, j’ai un passé, un présent et un futur à l’extrême gauche que je revendique haut et fort ; peut être, est-ce pour tout cela que certains esprits révoltés me prêtent une démarche belliqueuse à l’encontre de ce brave monsieur.

7/ Tu as aussi produit quelques disques : Orange Street, Dave Straps and the Radiators, Les Partisans plus récemment. Comment ce font ces rencontres ? C’est toi qui prend l’initiative de proposer une production à des groupes que tu apprécies ? Reçois tu beaucoup de demandes ?

ASPO, t’as oublié la version vinyle du second album de l’ASPO, on en a chié mais on y est arrivé, alors … m’enfin, bref. Et puis le LP des WESTERN SPECIAL, c’est l’illustration parfaite de la façon dont je souhaite poursuivre le truc : à chaque fois qu’on se rencontre on est heureux de se voir et dès que possible on se rend mutuellement des services. Ce sont vraiment des gens pour lesquels j’ai envie de me décarcasser, on est sur la même longueur d’onde. Intègres et passionnés, un leitmotiv partagé.

Les groupes je les connais plus ou moins à l’avance et les rapports sont très cordiaux voire franchement amicaux avant même que l’idée de " bosser " ensemble ne vienne à l’un ou l’autre. Enfin, quand l’opportunité se présente il n’y a pas vraiment de règle mais c’est vrai que c’est souvent moi qui propose la chose. A part pour les Partisans, où je ne savais même pas qu’ils avaient l’intention d’enregistrer.

L’asso n’a pas de thune d’avance, elle a surtout des dettes mais les créanciers sont sympas, ce qui fait que le principal soucis c’est d’abord de rendre la thune aux gens qui me l’ont prêtée. Ensuite, quand j’ai vent d’un projet auquel j’aimerai participer, ben je demande au potos si ça les dérange ou pas d’attendre un peu …

Les demandes, j’en reçois régulièrement, bien sûr et c’est très gratifiant quand ce sont des gens qui te contactent parce qu’ils apprécient la façon dont tu fonctionnes. Mais, dans la mesure où je ne dispose ni des moyens financiers ni du temps nécessaires, je suis obligé de faire des choix et, à mon grand regret, je repousse souvent aux calendes grecques des projets qui pourtant me tiennent à cœur. Ca fait deux ans que les Yellow Umbrella, à chaque rencontre me causent de leurs idées délirantes, que j’ai pas les moyens de réagir dans le mois et que, du coup, tout tombe à l’eau. Avec Lord des Vikings on a causé plusieurs fois de sortir un 45t et là encore, je suis infoutu de réagir dans les temps.

8/ Est-ce difficile financièrement de produire un album ? Est-ce moins cher depuis qu’il y a la concurrence du gravage ?

Ben si t’as pas les sous c’est même pas la peine. D’autant que je me souvienne, ça fait un bout de temps que les souscriptions ne suffisent plus à payer entièrement la sortie d’un album, c’est un changement d’état d’esprit et avant (quand c’était mieux donc …humpf !) t’avais pas le choix si tu voulais avoir des choses à te mettre entre les oreilles, aujourd’hui, en ska/reggae au moins, il y a profusion.

En ce qui concerne RED HEAD MAN, il faut bien voir que le fonctionnement est atypique. A part pour l’album des DAVE STRAPS toutes les sorties sont des co-prods, pour les deux LPs on a plus agit comme des parasites en venant se greffer sur des projets qui existaient déjà (WESTERN SPECIAL et ASPO) et pour les autres disques on réparti les frais de studio pour le groupe et le pressage pour nous. Et puis je me barre en vacances avec la caisse, normal quoi …

Quant à la concurrence du gravage, je serais bien infoutu de te dire quel en est l’impact et ce que ça représente. Perso, je grave pour les potes des trucs introuvables, des trucs qui sortent sur des grosses structures et je m’interdis de le faire quand il s’agit de groupes qui font des efforts significatifs pour sortir un disque.

9/ Quelle était ta première production ? Qu’est ce qui t’as motivé pour ce disque ? Tes motivations ont elles changées (plus d’ambitions ?).

La première fois que j’ai eut envie de sortir un disque, que j’ai eu les moyens et que j’ai essayé de le faire pour de bon, c’est en 1999 avant le festival Dance Ska La 1999. Mon idée de départ était d’enregistrer les quatre groupes français qui jouaient un ska roots et de leur proposer un EP avec un titre live chacun. C’était un truc très modeste mais qui, à ma connaissance n’avait pas été fait. Le faire en vinyl parce que j’ai de l’affection pour ce support et un tirage limité parce que je n’avais pas des masses de moyens à mettre dans le truc. Le festival avait lieu sur deux soirs. Le samedi soir, ORANGE STREET (appelés à la dernière minutes pour " remplacer " Laurel Aitken), 100 GRAMMES DE TÊTES et WESTERN SPECIAL ont été enregistrés avec leur accord. NEW YORK SKA JAZZ ENSEMBLE ne l’a pas été. Le dimanche matin, les Banana Juice ayant écouté les bandes m’ont proposé d’élargir le projet et de compléter le financement du CD. J’étais tout jouasse et j’ai pas mal appris à leur contact.

Aujourd’hui, les motivations n’ont pas trop changé, sortir des disques si ce n’est insolites au moins qui n’intéressent pas les structures à but commercial. L’ambition, à part continuer ce que je fais, n’a pas grossit démesurément … si ça arrive abattez moi.

10/ Tu as aussi un site internet. Il y a t il beaucoup de personnes qui y passent ? Penses tu qu’internet soit un bon média pour la diffusion musicale ? N’est ce pas trop " aristocratique " ?

Le site est assez visité oui (12 000 visites en 26 mois). En moyenne entre quinze et vingt personnes passent et visitent un peu plus que la première page. Ce site je l’ai construit autour d’une base de données qui me permet de tenir facilement à jour une espèce d’état du stock, c’te base me sert à sortir le catalogue papier alors la mettre en ligne me semblait une bonne idée.

Pour ce qui est de la diffusion de musicale sur internet, ma position est la suivante et c’est la même pour les bootlegs. La musique appartient à ceux qui l’écrivent. C’est à eux et à eux seuls de choisir s’ils souhaitent si leurs morceaux (quels morceaux, entiers ou non ) doivent être en libre accès sur internet ou non. C’est à mon avis une forme élémentaire de respect du taf de chacun.

Pour le site de redheadman, je n’exclue pas de proposer des morceaux des album en écoute … mais, d’une, le morceau restera sur le site du groupe qui le propose et de deux, le minimum sera de recevoir un mail d’un membre du groupe m’autorisant à faire ce lien. Sinon, c’est une forme de " ré-appropriation " qui ne me convient pas [ndrhm : d’autres formes de ré-appropriation me conviennent très bien].

11/ Quel sont tes projets, tes nouveautés ?

Mes projets … ne sont pas uniquement les miens, donc je laisse le soin aux musiciens de les dévoiler eux-mêmes. Mais ce qui est clair c’est que j’ai toujours envie de faire des choses avec les gens que sont nommément cités tout au long de me réponses … et ce ne devrait pas tarder ;o)

En ce qui ne concerne que redheadman, le projet c’est … rendre leurs sous aux copains…

 

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