1/ Création de Red Head Man : qui ? quand ? pourquoi ce nom ?

Pour les deux premières questions, les réponses se trouvent dans le suite de l’interview. En résumé, c’est un des trois fondateurs du fanzine Unity Rockers qui a donnée une suite à cette feuille d’infos en 1999. Quant au nom, en accord total avec ma fourberie, c’est un nom dont les lectures et traductions possibles me permettent de concentrer plusieurs aspects de ma personnalité :

  1. je suis roux (traduction littérale) et assez content de l’être. Ce Malgré les quolibets et légendes courant, aujourd’hui encore sur cette couleur de cheveux ma foi fort prisée chez les mémés.

  2. Un des premiers contact avec la scène américaine que j’ai eu était Mike d’Asian Man Records. Sa démarche, à l’époque me plaisait assez : modestie, disponibilité, ambition limitée et désintéressée. Aujourd’hui les contacts sont plus lâches …

  3. Fils de communiste, petit fils de communiste, communiste libertaire moi même il me semblait bon d’affirmer par un nom sans équivoque mes idées (libre à chacun de les apprécier ou non) et ainsi de rompre un peu avec une tradition bien ancrée dans la petite histoire des tondus hexagonaux consistant à être bien avec tout le monde (histoire de ne pas être trop sensibles aux variations trop fortes de l‘orientation du vent). Par là même je rendais hommage à cette longue lignée familiale, dont je déplore l’aveuglement et le suivisme mais dont je loue la générosité et l’enthousiasme. Sans compter, enfin, que ce nom ne manquerait pas de faire grincer quelques dents … si ça n’en réduire le nombre, cela en réduit déjà le poids.

2/ Avant tu participais à Unity Rockers, qui était quand même quelque chose d’important. Peux tu nous en parler ? Que font actuellement les anciens de UR (en ce qui concerne la musique, pas leur vie privée) ?

Unity Rockers était, au départ, une grosse feuilles d’infos dont le but était de montrer qu’on pouvait à la fois être intéressé par le petit monde musical, avoir envie de s’informer et de s’impliquer dans les luttes sociales. Pour que l’info ait un sens et il fallait qu’elle soit réellement périodique et qu’on se tiennent à cette périodicité. L’idée de Fred, c’est lui qui est à l’initiative, c’était, au départ de faire un gros tract. Peu de pages (8 … et parfois 12), régulièrement et pour un tarif dérisoire, " prix libre " voire gratis. Aussi bien en ce qui concerne le contenu, que le " public " ou les rédacteurs, Unity Rockers a été une feuille d’info très ouverte bien que farouchement anticapitaliste et antifasciste. Au final, après 26 numéros j’ai fait les comptes et découvert que plus de 35 personnes ont rédigé un ou plusieurs articles dans Unity Rockers. Le zine s’est arrêté mais la page n’est pas tournée, puisque le réseau informel qui s’est créé au long de ces deux ans existe encore plus ou moins.

Aujourd’hui Loïc s’est acoquiné avec une compagnie de théâtre militante et décapante, la Compagnie Jolie Môme, Fred, après un passage dans les pages de No Pasaran !, a monté CRIE LE FORT ! et, ne pouvant s’empêcher d’écrire, a monté un web zine La quinzaine du Skactiviste et moi je cause dans votre fanzine.

3/ Pourquoi choisir de faire une liste de distribution ? Avais tu du mal à trouver la musique que tu écoutait ?

Au fur et à mesure que le zine se développait et qu’on nouait des contacts avec des gens d’un peu partout qui sortaient des skeuds intéressants peu, pas ou mal distribués en France j’ai commencé à faire venir de petites quantités de 45t et Unity Rockers me servait de base pour le distribuer. Ensuite, quand le zine s’est arrêté, je me suis trouvé un peu … désœuvré. Heureusement, la fin de Unity Rockers, a coïncidé avec la sortie de la compilation DANCE SKA LA  99 … histoire de ne pas perdre les contacts noués avec Unity Rockers et d’en faire profiter un max de gens j’ai développé redheadman. C’était d’autant plus motivant que je n’avait que ça à faire.

4/ Ta liste est assez variée (Ska, Reggae, Punk, Soul,…). S’agit il de tes goûts, de copinage,… ?

C’est un peu les deux à la fois. Mes goûts pour l’essentiel et souvent tu peux dire qu’il y a une part de copinage. Quand le courant ne passe vraiment pas avec quelqu’un ou quand c’est trop souvent la foire pour communiquer, je passe à autre chose. Tant pis si la zique est bonne. D’un autre coté, je sais faire des efforts (au moins pour la distrib’) pour distribuer des disques qui n’occuperont pas le haut de la pile à coté de ma platine, pour peu que le courant passe bien avec les gens qui jouent ou produisent les disques en question. Cela dit, j’essaie de faire gaffe à ne pas trop plomber l’asso avec les plans des potes, mais c’est vrai que j’ai en stock plusieurs dizaines de skeuds dont je vends un exemplaire par an … c’est pas grave.

5/ Au niveau commercial, est facile de faire vivre ce genre d’ " entreprise " un peu alternative, d’autant plus que tu pratiques des prix quand même très bas ? Respectes tu le code du travail ?

Euh … en vivre ? J’en sais rien, je n’en vis pas et c’est bien comme ça. Ca m’évite d’avoir à répondre à trop de questions relatives à l’adéquation de mes choix musicaux et politiques avec la nécessité de dégager suffisamment d’oseille pour couvrir les charges et un salaire même aidé. En gros c’est pour éviter de faire des conneries et, malgré quelques pressions amicales je ne pense pas que cela se fera sauf événement exceptionnel. Maintenant, je fais partie du bureau d’une asso qui emploie un salarié. Ne serait-ce que pour continuer à diffuser des outils de propagande, nous mettons un point d’honneur à ne pas prêter inutilement le flanc à la sanction administrative pour autre chose nos choix. Il ne s’agit pas de s’auto-censurer, ni d’affadir nos positions, mais s’il y a des déclarations ou autres formalités administratives à faire, elles sont faites. A moins de représenter une organisation violente, les seuls moyens pour un pouvoir politique de te faire taire c’est de trouver une irrégularité administrative et de te faire fermer boutique. Sur le point particulier du respect du code du travail, le salarié de l’asso est un ancien délégué syndical … qui plus est il s’auto-gère.

 

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