Le Dav : Bof… Si ça choque ? Tu sais, les gens, on leur fout pas dans la tronche comm’ça, de but en blanc, qu’on est anar jusqu’ou trou de cul. On les prépare pendant 2 bonnes plombes de spectacle, c’qui fait qu’au bout d’un moment, ils s’en doutent tellement fort qu’ils sont pas surpris quand on leur chante des morceaux libertaires. Ils l’acceptent de bonne foi puisqu’après tout, ça n’est que de la franche rigolade. Après, y’aura toujours quelques cons finis pour tout prendre de traviole, au premier degré, et qui du coup vont pas trouver ça drôle du tout. Ceux-là, on leur en rajoute une grosse louche ! Après tout, s’ils sont pas jouasses, y z’ont qu’à s’casser. C’est leur droit, on peut pas plaire à tout le monde ! C’est malheureux à dire, mais les gens qui sont probablement les plus choqués par les Amis d’ta femme, sont pas ceusses de droite (passqu’y en a qui viennent aux concerts et qui aiment !) mais une certaines frange d’anarchistes ! Des ptits caves, jeunes et boutonneux qui croient tout savoir sur tout, qui nous traitent de " faux anars " [wwaouww l’insulte ! ! !] passqu’on dit ci ou qu’on dit ça, et que ça sort de leur ptit cadre pré-conçu, dogmatique et étroit. Des bouffons qui sont persuadés que d’être punk, végétalos ou strate-age suffit pour être anarchiste et qui, passqu’ils ont lu une fois deux pages de Proudhon et/ou Bakounine s’imaginent tout connaître de l’anarchisme et te donnent des leçons d’éthique ! Comm’si l’anarchisme, qui est toudmême une conception philosophique malmenée et incomprise depuis plus de 150 piges, avait attendu la naissance de ces ptits cons, adolescents bourrés de principes obsolètes et de conventions débiles, pour enfin réellement exister ! Il suffit pas d’être punk, de porter un A sur son blouson, ou même d’adhérer à la FA ou la CNT pour être anarchiste, bordel ! ! ! A chaque anarchiste son anarchisme. C’est ce qui en fait sa force et sa faiblesse aussi, et c’est la seule et unique manière de se protéger de tout dogme, jusqu’à preuve du contraire bien sûr…

Un exemple pour achever : on nous taxe de machisme. En c’qui m’concerne (je parle en mon nom), je suis pas misogyne, ni féministe d’ailleurs. " Marie Odile " est une chanson machiste, c’est l’personnage de Kraspek qui veut ça. Mais malgré tout, ça n’est que l’histoire lamentable d’un alcoolo fini qui un soirau trocson tombe sur un gros boudin qui lui file rencard le lendemain. Lui, il a bon fond alors il la rejoint dégoûté et il la saute. Bêêêh, c’est vulgaire ! ! ! Bien sur, c’est vulgaire, c’est fait pour que les gens réagissent. C’est vrai qu’il y a des boudins, mais pourquoi personne ne les tringlerait ? Les boudins n’ont pas droit au sexe, alors ! Certaines féministes feraient mieux de s’inquiéter plutôt du salaire des femmes qui à travail égal touchent toujours moins de fric que les mecs, des violences conjugales dont les statistiques sont aujourd’hui en train d’augmenter, des pubs qui montrent les nanas soit comme ménagère soumise, soit comme pétasse nympho et intéressée, soit comme faux mec qui bande pour sa bagnole et le pognon [justement, les féministes s’occupent de tout ça]… au lieu de faire chier, d’attaquer et finalement de censurer les caricaturistes ! ! ! On accusait le père Brassens d’être misogyne passqu’il se moquait des filles dans certaines de ses chansons en oubliant qu’il en avait écrites un max de très belles, humbles et tendres. On accusait Coluche d’être raciste et beauf alors qu’il était complètement l’inverse. L’humour ne doit épargner personne pour flinguer les tabous et les conventions, sinon il crève pour devenir du consensus mou et du politiquement correct.

Le Dav : Effectivement, on a ce projet… qui n’est toujours qu’un projet d’ailleurs et c’est bien dommage, mais qui a quand même bien avancé, et c’est tant mieux ! C’est un dico d’argot nancéien, contemporain. C’est le prolongement de " Laiss’tomber grôs ! ! ! " qui n’est qu’une minuscule parcelle de la richesse de notre argomuche local ! Ah ah ! ! Attention, c’est pas du patois lorrain (il a pratiquement disparu) mais bel et bien de l’argot populo du bassin nancéien. C’est très local, moins fatiguant et surtout vachement plus michto, grôs !

Le Dav : Houlaaaa ! T’as combien de pages pour que j’te réponde et sans qu’ton fanzine double de volume ? ! ? Pour faire court, Mort Aux Cons Productions est un prétexte pour développer nos réseaux dans une démarche situationniste. En fait, j’peux pas t’en dire plus sans t’en dire trop. Excepté le fait que c’est devenu une vrai association, loi 1901 et tout (la fente de gueule quand est paru le nom de l’assoce au Journal Officiel ! !) dont les statuts sont suffisamment ouverts pour que plein de gens y participent et en fassent quikchose de révolutionnaire et de différent surtout. C’est une expérience associative, quoi ! Mais bon, on peut adhérer pour 10€ par an. Après c’est une autre histoire si j’ai attisé ta curiosité. L’adresse, c’est le 12 avenue du XX° corps, 54000 Nancy. Ça devrait suffire, faut pas trop en dire. Ça serait gâché…

Le Dav : Euh… j’dois t’avouer que je saisis pas trop la question et que je sais donc pas trop quoi t’répondre… Alors oui tutafait d’ailleurs au niveau ontologique et structurellement géostratéghique avec des truites et une pizza pour la douze effectiv’ment je pense qu’on peut dire ça comm’ça… ça te va ? [Euh oui, mais j’aurai préféré une remise en cause métaphysique du concept de scène]

Le Dav : C’est effectivement ça. La scène, c’est dangereux si tu exprimes tes idées politiques sans faire super gaffe à pas tomber dans la démagogie. Alors y’a l’zine qu’est là pour nous permettre de continuer à nous exprimer sans risque populiste. La scène n’est qu’un médium parmi d’autres. Et pis aussi, l’inconvénient est qu’on est trois sur scène et qu’on a un tas d’potes qui eux aussi ont des trucs à dire, à écrire, à dessiner… ça fait que d’une part on peut développer des idées qu’on ne fait qu’effleurer sur scène et que d’autre part on les partage avec une tribu, une raïa comm’on disait à l’époque alternative. Le Cocu Comix, c’est une bonne annexe si tu veux capter l’esprit de ce qui s’cache derrière les Amis d’ta femme et Mort Aux Cons Productions. Ce sont des pistes de réflexions supplémentaires pour celui ou celle qui aurait envie d’approfondir le schmilblick. Mais c’est pareil, j’peux pas en dire plus passque ça serait mâché le boulot et influencé celui ou celle qui voudrait le découvrir… Et pis ça m’permet de continuer à faire un peu d’bande-dessinée aussi. Ça fait du bien.

Le Dav : Bosser à côté ? ! ? Beuârk quelle horreur ! ! ! Non non, on vit de notre activité. Il faut c’qu’y faut d’ailleurs passqu’au rythme qu’on a adopté, c’est à dire une centaine de concerts par an, y’a bien fallu faire un choix : soit on continue à bosser à l’usine, soit on arrête tout et on s’lance à fond. De toute façon, le choix était facile puisqu’on était à l’époque chômeurs longue durée et RMIstes (sauf Pek qui voulait pas toucher de thunes de l’Etat). Alors, hein… Sans oublier la réponse cruciale : kesskeu tu voulais qu’on foute d’autres que les Amis d’ta femme ! ! !

Le Dav : Tout simplement passque c’est Kraspek qui a la plus grande gueule ! ! ! Frankoué et oim on aime bien ça, la bière…

Le Dav :C’est fini. Il vient tout juste de sortir de fabrication à l’heure ou chteu jacte, et on l’sortira normalement le 15 octobre. Mais bon… Ch’peux pô trop te dire s’il est fin nul ou fin bien, chuis un peu mal placé pour m’rn rendre compte. C’est les Amis d’ta femme en live, quoi ! C’est assez révélateur du boxon qu’on fout avec les gens aux concerts. Tu devrais pas être déçu du voyage quand t’y jetteras une oreille, mon pote ! !

Le Dav : Bien sûr ! Le quatrième albôme qu’on va bientôt finir à enregistrer avant d’attaquer une petite tournée avec les Fils de Teuhpu du 18 octobre au 7 décembre, partout on veut bien d’nous ! ! ça s’annonce comme un énorme fendage de gueule passque les Amis d’ta femme d’un côté et les Fils de Teupuh d’un autre, c’est déjà pô mal. Mais imagine le résultat des deux ensemble… Va y avoir un bon paquet d’gueules de bois pour pas mal de monde ! ! ! Et pis pour finir, ce fameux quatrième albôme : " L’albôme noir… et rouge aussi un peu ! ", qui sera carrément une gigantesque surpirse pour plein d’gens ! Jusqu’à maint’nant, on a donné beaucoup de forme par la provo et l’ironie mais là, on a vraiment envie et besoin d’offrir du fond. Avec ct’albôme, on se permet un résumé de 130 ans de chansons anarchistes révolutionnaires, de la Commune de Paris à aujourd’hui. On veut s’adresser à un public encore plus large avec des idéaux qui le sont pas du tout. C’est une responsabilité dingue qu’on prend-là passque personne n’a jamais appris dans les programmes d’histoire à l’école tout ce que l’anarchisme a pu apporter aux luttes sociales par le sacrifice, le martyr et la défaite. Ce disque est un terrible constat d’échec qui permettra peut être de voir un peu plus de l’avant, pour sortir du putain de cul-de-sac socio-politique dans lequel on est tous enfermé, vu qu’le combat ne fait sûrement que commencer ! Les gens qui ont vu et entendu la " Chanson de Craonne " sur scène sauront à quoi s’attendre. On a tous hâte qu’il sorte, ce putain d’disque. Faudra être patient. Voilà… C’est fini, j’crois bien… Vive la Révolution et Mort Aux Cons ! ! !