Escape ? Non il ne s’agit pas du dernier album d’Enrique Iglesias, mais bien d’un groupe de punk rock colmarien qui commence à faire parler de lui. Après une démo, chroniquée dans le présent Rock’n Roots, un CD 5 ou 6 titres est en préparation. Plus encore que la nouvelle corde à la guitare du rock colmarien, Escape est un groupe punk rock dur et original qui vaut le coup d’oreille… (putain, encore une phrase comme celle-là et je peux bosser pour Rock Sound). J’ai aussi pu les apprécier en live et j’ai trouver ça encore meilleur que sur la démo. Donc, en pièce jointe, je vous livre un petit entretien avec 3 des 4 intéressés, Abel, le chanteur, étant en vacances.

Maître Follas : Pouvez vous commencer par nous présenter le groupe ?

Jérôme : Escape c’est Abel à la guitare et au chant, Dom à la batterie, Paulo à la basse et moi à la guitare. On avait déjà tous des groupes avant sauf Paulo pour qui c’est la première expérience musicale. Il jouait tout seul chez lui avant. Dom et Abel jouaient dans les Vandales. Ça date de quand le Vandales ?

Dom : On a démarré réellement vers 92.

Jérôme : Moi j’ai commencé parallèlement dans Utopia en 94, jusqu’en 2001. Les Vandales s’étaient arrêtés avant.

Dom : En 96.

Jérôme : J’avais joué aussi dans les Vandales à la fin. Après Abel avait fait un groupe qui s’appelait Treblinka. J’ai aussi joué dedans. Enfin Colmar de toute façon, c’est une vingtaine de personnes et les groupes qui se forment toujours avec grosso modo les mêmes personnes depuis 90.

Dom : Nos influences musicales sont un peu les mêmes pour nous tous, sauf Paulo, c’est un peu l’exception.

Paulo : Pourquoi moi ? Non en fait, on a tous les mêmes racines punk rock. C’est notre ligne directrice.

Jérôme : Ouais, c’est ce qui nous a rassemblé, mais on écoute aussi plein de trucs à côté, comme du rap, du reggae…

Paulo :… de la drum’n bass…

Jérôme : Oui ça c’est pour toi justement.

Paulo : On essaye de pas rester sectaire étant donné qu’on a un certain âge déjà. On se rapproche plus ou moins tous de la trentaine, si on a pas déjà 30 ans. Donc on a eu le temps d’emmagasiner pas mal de styles différents dans notre longue carrière de la life.

Maître Follas : Mais musicalement, ce que vous jouer est quand même un punk rock assez violent, limite hardcore…

Jérôme : Je sais pas, on nous catalogue souvent dans le punk rock mélodique. Au niveau des guitares ça se ressent. Abel a un côté plus rock’n roll, punk rock basique. Moi j’ai un côté plus hardcore dans la guitare. Lui c’est plus Parabellum, moi ce serait plus Burning Heads, quoiqu’il aime aussi vachement.

Dom : Il a gardé un peu son vieux son, un peu garage.

Jérôme : Je trouve que c’est un mélange de rock’n roll et de punk mélodique.

Paulo : Si c’est violent, on fait pas exprès. Ça sort comme ça.

Dom : On recherche quand même une certaine puissance. On s’amuse à jouer, il y a de la praline derrière.

Jérôme : Qu’il y ai de la mélodie aussi. Speed et mélodique. Mais tous les morceaux sont pas speed.

Paulo : Il sont plus mid-tempo ou un peu plus, je sais pas comment on peut dire. On vise surtout la patate dans le son.

Maître Follas : Est-ce que ça n’est pas un peu préjudiciable aux paroles ?

Dom : Les paroles c’est Abel qui s’en occupe. C’est ce qui a de cool dans le groupe, c’est que nous 3 on a juste à s’occuper de la ligne musicale. Les paroles c’est du côté d’Abel.

Jérôme : Avant dans Utopia, on faisait des paroles hyper carrées, on prenait vachement de temps pour faire un morceau. Là, c’est pas qu’on se prend pas la tête, mais ça vient comme ça vient. On se dit pas : " Maintenant on va faire un morceaux sur ça, il faut qu’il soit comme ça et de cette durée… "

Paulo : C’est assez simple. Dans 90% des cas, on calque les paroles sur un morceau.

Dom : On fait en sorte que les paroles veuillent dire quelque chose, qu’elles soient pas vides de sens. Mais on tient pas trop la ligne politique à mort. On est pas trop dans ce style.

Jérôme : c’est pas trop politique justement, par rapport à ce qu’on faisait avec Utopia. C’est 10 fois moins engagé. C’est aussi un problème qui m’a fait arrêter Utopia. C’était des textes hyper carrés. En fait, on jouait jamais de concerts au dessus de 50 F, jamais en 7-8 ans. Parfois on a même refusé parce que c’était 60F, mais on allait pas voir derrière. Je trouve ça naze. J’ai été un peu saoulé de ce trop plein d’engagement, à toujours se justifier. Mais les groupes que je préfère, c’est toujours avec des paroles correctes et engagées.

Paulo : Les textes, y sont pas à prendre au sens : " voilà ça c’est contre ci, ça c’est contre ça ". On a pas de leçons à donner. On est quatre, on fait de la musique, on dit ce qu’on pense, on a pas à dire " lui il est con, lui c’est de la merde "… Y’en qui le font et ils le font très bien, on a pas à rentrer là dedans.

Dom : J’ai toujours été anti… [hésitations], anti paroles politiques. Ça me barbe, c’est pas ce que je recherche dans la musique.

Paulo : Je pense qu’au bout d’un moment, les paroles hyper-engagées, ça passe… C’est bateau ce que je vais dire, mais la vie, c’est pas juste se battre contre une société. C’est pas un groupe qui va changé tout ça.

Dom : On peut avoir des idées, mais les foutre dans des testes, les scander à gogo, je trouve ça un peu...

Jérôme : Pour revenir à Utopia, j’avais l’impression qu’on s’auto censurait. Faire ci comme ça, parce qu’il faut faire comme ça, ne pas aller là parce qu’il y a je sais pas quoi, parce que le concert est à 60 balles. Moi en dehors j’allais à tous les concerts à 60 balles, ou à 80 balles. S’il y a un gros truc de reggae qui passe, j’y vais. Je dis pas que je vais à tous les concerts, peut être que je vais à 1 concert sur 10, mais ça collait plus cette attitude. Là c’est moins œillères.

Paulo : C’est bien d’être hardcore, il y a des gens qui sont hardcore à fond. Mais il y a l’expression et la pensée. On a pas besoin d’exprimer, de mettre 3000 patchs, Sick of it all ou tout ce que tu veux. C’est le genre de truc qui passe. Il y a autre chose à dire.

Dom : On veut pas être donneurs de leçons.

Paulo : On a un certain âge, on bosse tous…

Dom : On peut pas être anti-social.

Paulo : Ce serait du mensonge vis à vis des gens qui nous écoutent, des gens qui nous prennent au sérieux…

Maître Follas : Mais vos paroles sont assez noires, assez désespérées…

Dom : ça c’est Abel. On lui a demandé justement… Mais on a fait un morceau sur les bagnoles, le tunning pour déconner. Il y aura tout le temps des morceaux plus ironiques.

Paulo : Sur le CD qui va sortir, il y a une chanson qui parle de Messier, mais on le dit pas explicitement. On le sait. Il y a une façon d’en parler. Comme Noir Désir, un homme pressé, ça parlait de Messier. Il y a des gens qui comprennent et d’autres pas. Mais c’est surtout Abel qui fait les paroles, c’est dommage qu’il est pas là. Nous derrière, on fait surtout en sorte que la musique vient avec.

Maître Follas : Vous avez sorti une démo qui était quand même travaillée, il y avait un insert avec les paroles, une pochette artisanale,…

Jérôme : Je trouve que quand tu sors une démo, c’est le minimum de mettre les paroles. Avant, avec tous les groupes qu’on avait on sortait toujours des démo K7. Là on a eu une opportunité. On a pu graver sur CD. Je me suis rendu compte que ça coûte moins cher à l’envoi. Une K7 c’est 8F, même sans livret, rien. Un CD ça passe à 3F. ça s’altère moins qu’une K7. Avant, c’était toujours " Si tu fais un CD, il faut le remplir à fond, sinon c’est pas rentable ". Là qu’est ce qui est pas rentable ? La pochette, on fait les photocopies au boulot… ça revient moins cher, c’est plus présentable.

 

 

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