Les 100 grammes de têtes

 

Le 20 mai 2002, Strasbourg accueillait, entre autre, les 100gr. de têtes, qui auraient du accompagner Laurel Aitken, et les Skatalites. Pour 10€, c’était plutôt pas mal. Mais premier problème, pour des raisons de santé, Laurel était absent. Donc les 100 gr commencent par une petite heure de ska bien balancé. Deuxième problème, le public local: des espèces d’abrutis qui pogottent sur du ska et du reggae, le genre à taper dans les mains comme à la Disney Parade de chez PS. Et pis la sono était limite sur les 100 gr. Mais je pense que c’est un peu automatique dans une salle aussi grande (+ de 5000 personnes). Enfin bon, on passe. Ensuite, les Caméléons qui m’ont vraiment déçu. Vraiment trop bourrin, je les préfère sur disque dans ma piaule. Là dessus arriva un pur moment de bonheur: les Skatalites. C’était purement magnifique. Faut dire qu’ils étaient en forme (particulièrement Lester Sterling) et qu’il se sont éclatés sur scène. Ça fait plaisir de voir ces gars qui ont 3 fois mon âge, qui ont consacré leur vie à cette musique et qui continuent à prendre un tel plaisir sur scène. Après nous être remis de ces émotions, Rom W et moi nous rendons dans les loges pour rencontrer les 100 gr de têtes et leur poser quelques questions. Il faut bien avouer que la tache n’est pas facile car tout le monde parle en même temps et que tout le monde prend un malin plaisir à contre dire celui qui vient juste de parler. Pour finir la soirée, nous avons eu Tryo et la Ruda Salska, moyens tous deux.

Voilà donc les choses les plus intéressantes dans cet entretien chaotique, en fait c’est ceux qui ont parler plus fort que les autres. L’essentiel de l’interview a été réalisée avec Bob (basse), Alain (trompette), David (percus, chant) et Hugy le manager.

Maître Follas : Commençons par une présentation du groupe.

Hugy : Ben moi je suis arrivé il y a 4 ans, mais le groupe existe depuis 93. La formation actuelle que tu vois sur scène date de 4-5 ans sauf que ce soir il y avait le clavier et le trombone en moins. Au niveau discographique, il y a un premier album " Qui Ska " auto-produit, auto-distribué à 1000 ex. Il a été refait ensuite en studio, où ils ont virés 2 reprises.

Bob : Il n’y a que des compos.

Hugy : Le dernier " Tit’ Jamaïque " est sorti il y a 3 semaines.

Maître Follas : Et avant ce groupe, vous avez un passé musical ?

Hugy : Laisses moi présenter. Tu as Christian Lartigue au saxo, qui a fait l’intro de " Gaby " d’Alain Baschung, Alain Darblay, trompettiste d’Au Bonheur des Dames, Jean Claude, le batteur qui a joué avec Yellowman. On joue pas avec des branleurs ! !

Alain : Et il y a Bob, le copain de Dave…

Bob : Non, non…

Hugy : On va de 52 ans à 25 ans.

David : Moi j’ai 29 ans, je suis jeune encore.

Hugy : Dans le groupe, il y a…

Alain : …Amanda Lear…

Hugy : … un bassiste, un percussionniste, trois cuivres, un clavier… On a une formation complète. 8 musiciens.

David : On peut se permettre de taper du ska sixties, du revival, du dub, du reggae, en binaire, en ternaire… Ce qui nous manquerait peut être maintenant, pour se mettre dans la mouvance…

Alain : …c’est une soprano.

David : Non un scratcher, un toaster. Nous on fait de la musique jamaïcaine. A partir de la on fait de la fusion, de la funk, du rock, de la musique manouche, du jazz. Mais à la base c’est la musique jamaïcaine. Maintenant il y a de la musique électronique, de la techno. On écoute pas souvent de techno, des fois on y va pour voir.

Rom W : Mais ce que vous enregistrez, ça reste quand même du ska.

David : Ah oui, c’est vraiment la musique à laquelle on s’attache le plus. Mais Bobby, à la basse, c’est un funcky man. Alain, c’est au Bonheur des Dames, Jazz, Blues, machin… Christian, c’est du rock, Jean Co, c’est du latino, roots, Alex, au clavier, qu’étais pas là ce soir, il est vachement branché rhythm’n blues, soul. A la base on a la musique jamaïcaine, mais on veut pas faire que du ska. On essaye de faire de la fusion intelligente. On a la même démarche que les musiciens de jazz. On veut pas faire de l’animation.

Hugy : Sur le deuxième album, il y a une ouverture musicale qui s’est faite aussi par des rencontres. On a des potes, comme les Kargol’s, qui font du ska-punk, on a rencontré des groupes orientaux, tziganes. Forcément dans la musique quand tu croises des gens ça se ressent. T’as une base qu’est jamaïcaine, derrière t’as toutes les influences qui arrivent. T’as pas envie d’être catalogué dans un truc.

Bob : On aime la musique donc on écoute vraiment toutes les musiques qui existent. Forcément on a d’autres influences. Mais pour l’instant on reste dans un registre ska.

David : Non, jamaïcain.

Bob : On a quand même réussi à créer notre petit son, notre manière de voir l’histoire.

David : Sur le dernier album, par exemple, on reprend un morceaux catalan, qui est La Santa Espina, qui est un morceaux révolutionnaire catalan, interdit sous Franco. C’est un clin d’œil à la région.

Maître Follas : Pourquoi vous vous êtes intéressés aux racines jamaïcaines de cette musique, plutôt que de faire un truc plus rock, plus festif ?

Alain : Moi personnellement, j’étais en Jamaïque… j’étais rock’n roll…

David : Je crois que sur la musique jamaïcaine, sur le contre temps, tu peux mettre plein de choses. Les 100 grammes, à la base, c’était un groupe qui jouait dans la rue. On faisait des standards de jazz en ska… T’as le contre temps qui te donnes envie de danser et derrière tu peux ouvrir. Le ska, à la base, c’est de la musique populaire. C’est un groupe qui jouait et des gens qui dansaient, comme dans les villages en France de la musette. La musette en France, c’est le ska en Jamaïque. C’est un groupe qui joue, avec plein de cuivres, batterie, contre basse…

Alain : …et des femmes qui se battent pour toi.

David : Oui ! Mais voilà ! Le ska ça se danse à 2 normalement, je veux que les gens se dansent à deux.

Hugy : Comme au Pays Basque, t’as des groupes de bal qui vont reprendre du ska, du reggae.

 

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