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Enfin un groupe de femmes modernes qui ose franchir le mur du son. C’est en 1994 qu’elles se rencontrent lors d’un stage D’Expression organisé au sein de leur comité d’entreprise, depuis, elles ont décidé de créer un orchestre qui évolua en un “ rock accidentel ” selon leur propre définition. Elles m’ont accordé une interview le 12 février dernier lors de leur concert à la Laiterie. Nous avons aussi profiter de l’occasion pour interviewer Pustule l’Ardéchois, qui faisait leur première partie, et dont vous trouverez la chronique du disque dans ce fanzine. Par contre la longue interview de Pustule sera dans le prochain Rock’n’Roots. Maintenant, place aux Suprêmes Dindes. Alors read to it now !
Rom :Bonjour Les Suprêmes Dindes, pour commencer pouvez-vous nous faire une petite présentation du groupe.
Jacqueline Bonjon :Et bien moi je suis Jacqueline, je fais de la guitare et je chante.
Martine :Donc moi je suis Martine, je fais également de la guitare et des cœurs. Sinon dans la société je m’occupe des archives, des archives de bilan. Jacqueline si vous pouviez lui expliquer.
Jacqueline :je connais bien l’entreprise puisque j’y travaille depuis 10 ans. Il faut dire que les SD sont avant tout des secrétaires qui travaillent dans la même entreprise depuis plusieurs années. Martine est arrivée il y a à peu près 6 ans , n’est-ce pas Martine.
Martine :Oui oui c’est cela en 1997.
Jacqueline :Dans l’entreprise on a eu envie de créer un petit orchestre de musique rock
Rom :Et pour ce qui est des autres musiciens ?
Jacqueline :Il y a Anne Dubois puis Joelle Perrier qui n’est pas encore arrivée.
Rom :Et j’ai cru voir Gilbert.
Jacqueline :Ben Gilbert jouera peut-être si Joelle n’arrive pas.
Martine :Gilbert est très souvent là je crois qu’il aime beaucoup les SD.
Rom :Pour continuer, j’aurais aimé vous poser une question sur vos influences musicales et sur ce qui vous a donné envie de faire de la musique.
Jacqueline :Alors moi je dirais que c’est presque plus des influences sentimentales qui viennent plus de la vie que de la musique elle-même. On s’est rendu compte que c’est pas la musique qu’on écoute chez nous qui définit celle que l’on fait sur scène.
Martine :C’est plus ce que l’on avait à dire et les atomes crochus que l’on avait en commun qui nous ont réuni.
Rom :Donc comment sont nées les Suprêmes Dindes ?
Jacqueline :Bien les Suprêmes Dindes sont nées au cours d’un stage dans lequel nous étions sur la même longueur d’onde, où nous pouvions parler de nos petites révoltes et même de nos petites révolutions on va dire. Et on s’est dit tiens il faut vraiment que l’on fasse quelque chose avec toute cette énergie là. Il fallait que cela sorte [rires] . Puis on est tombé sur une guitare, sur une basse électrique et on a fait du rock. Je crois qu’on avait de l’explosion en nous.
Rom :Enfin je me suis demandé si je devais interviewer Les Suprêmes Dindes ou bien leurs créatrices ? Y a-t-il une différence ?
Jacqueline :Et bien non. Là, aujourd’hui on est mercredi et on est pas au bureau. En règle générale la semaine on est au bureau et le week-end on part jouer. Donc les créatrices sont les mêmes que celles qui jouent, c’est nous. Après il y a eu des changements dans le groupe, les Suprêmes Dindes est une espèce de grande famille, on pourrait dire que se sont toutes ces femmes qui font du rock et qui sont secrétaires. Je ne sais pas si il y en a…
Rom :C’est peut-être pour vous une manière de vous émanciper en tant que femmes ayant une vie privée avec des enfants, un mari et d’avoir en parallèle envie de vous affirmer, de revendiquer des choses qui vous tiennent à cœur ?
Martine :ça en fait parti aussi, mais c’est pas “ on est l’égal du masculin ”, en tout cas c’est pas parti de ça. On avait envie de faire de la musique et il se trouve que les gens qui viennent nous voir n’ont pas l’habitude de voir des groupes de rock au féminin mais nous on fait du rock et voilà
Rom :Quelle définition pourriez-vous donner de votre style ?
Martine :Du Rock’n’Roll !
Jacqueline :Du rock tout d’abord, c’est le rock qui prime. Je crois qu’à chaque fois qu’on compose des choses c’est le rock qui sort. Après quel style de rock ? C’est difficile. Je crois que chacun fait le rock qu’il est. Donc nous ont fait le rock de nous quatre, un rock accidentel, une rock électrique…
Rom :Est-ce facile sur la scène actuelle de faire la musique que vous faites ? Quelle place pensez-vous avoir ?
Jacqueline :On a la place qu’on a, là ,ce soir. S’il y a des gens qui apprécient tant mieux . on est un groupe de rock, point.
Martine :On est un groupe de femmes qui font du rock. Quand les gens nous voient arriver sur scène il y a déjà ce premier abord de l’apparence…
Rom :J’trouve qu’y a un côté très théâtral, où vous ne vous prenez pas au sérieux. On passe du ridicule à l’étonnement !
Jacqueline :on ne voulait pas se mettre en rockeuses parce que se n’est pas notre truc. Si on est ridicule c’est parce que les femmes maquillées, les femmes très féminines le sont peut-être aux yeux des gens, après quand on joue dans l’entreprise ou on a nos semblables en face je sais pas si elles nous trouvent ridicules ou alors c’est elles qu’elles trouvent ridicules. Et c’est peut-être ça qui leurs plait aussi, une “ espèce de catharsis ”, une volonté de se remettre en cause et puis peut-être d’avoir envie de faire la même chose qui serait formidable. Je rêverais de voir mes collègues faire la même chose, et tous les gens qui sont “ coincés ”,car je pense que c’est ce que les gens se disent quand ils nous voient arriver sur scène et puis après…
Martine :C’est vrai certaines personnes partent au premier quart d’heure en se disant c’est naze et puis ils ne regardent pas la suite.
Jacqueline :Moi je trouve que c’est dommage parce que l’habit ne fait pas forcément le moine et à ce moment là quand on prend nos guitares et qu’on fait de la musique forte ça peut leurs plaire aussi.
Rom :Quels thèmes abordez-vous dans vos chansons ?Quelles revendications avez-vous à faire passer ?
Jacqueline :Evidemment çà va être totalement utopiste, mais ça va être un monde où la consommation pourrait s’arrêter un peu, où on pourrait être un peu moins sous le joug de l’argent et du profit. Un peu plus de respect de la nature et du monde qui nous entourent parce qu’on est sur une Terre qui est en train de partir à l’abandon au profit de l’argent, de la guerre qui va peut-être arriver un de ces jours. Dans l’entreprise, on essaye de faire une petite révolution (petit rire de Martine !)
Martine :On a la chance de pouvoir dire c’qu’on a à dire en étant sur scène.
Jacqueline :On va revendiquer le fait qu’il y a beaucoup de gens qui ne réfléchissent pas, les gens qui ont votés FN cela nous a forcément scié. On serait plutôt pour un monde de tolérance et d’écoute.
Martine :On a l’impression que plus ça va , plus l’argent est important et plus le reste devient accessoire.
Jacqueline :On revendique un monde CHAUD ![rire général]
Rom :j’aurais une petite question sur les initiales de votre groupe, LSD. Y a t’il un clin d’œil à la Souris Déglinguée ?
Jacqueline :Non pas du tout. On s’est rendu compte, d’ailleurs on ne savait pas ce qu’était du LSD. On s’en est rendu compte 4 ou 5 ans après et c’est des jeunes qui nous ont raconté ça. J’en avait entendu parler parce que j’avais écouté des choses sur des artistes des années 70 qui prenaient des drogues, on m’a raconté ce que s’était, mais je n’ai jamais essayé. Evidemment, pareil, La Souris Déglinguée ont nous en a déjà parlé.
Martine :En fait c’est vraiment pas fait exprès pour la bonne raison que pas plus tard que cet après-midi on s’est demandé si on allait pas plutôt rebaptiser le groupe Suprêmes Dindes au lieu de Les Suprêmes Dindes donc c’est vraiment quelque chose qui est tombé comme cela.
Rom :Et pour finir une dernier question d’usage : Quels sont vos projets, votre actu (concerts, album, etc.) ?
Jacqueline :Alors le prochain concert c’est demain à Mulhouse au Noumatrouff et puis après demain à Sarrebourg, vendredi à Lons-le-Sonnier ensuite en Suisse. Après en mars il y a plein de choses, Grenoble, Lyon. Le plus simple est d’aller sur le site (www.supremesdindes.com). Donc on a sorti un disque, Blanc de poulet , il n’y a pas longtemps début janvier, il est trouvable en France. Nos projets c’est faire de nouveaux morceaux, faire des concerts surtout, beaucoup de concerts on a une cinquantaines de dates devant nous jusqu’en septembre prochain. On est vraiment dans un tank en ce moment mais celui-là il ne va pas partir en Irak. Jusque là on a réussi à allier le plaisir et…évidemment il y a des moments qui sont plus dures quand on a pas de concerts devant nous, quand personne s’occupait de nous trouver des dates. En tout cas on a toujours pris beaucoup de plaisir, je crois qu’y a pas un concert qu’on n’ait pas fait avec le cœur depuis 8 ans et maintenant la fréquences s’est accélérée. Mais j’espère qu’on aura toujours autant de cœur voire plus parce que si on est pas généreux ça sert à rien de faire ça et si on a pas envie non plus. Là, vu qu’on est dans une phase d’envie, C’est le bonheur !
Merci aux Suprêmes Dindes de m’avoir accordé un peu de leur temps. Je vous conseille vivement d’aller les Voir et Les Ecouter sur scène, voilà un show brûlant et peu commun ! Vous pouvez également vous procurer leur premier album Blanc de poulet chez vos disquaires les plus connus et peut-être un jour les autres !