Le 25 janvier à Strasbourg, le Zanzibar accueille trois groupes psycho à l’invitation de VDK (Voodoo Devils, Hellbats, Up To Vegas). Comptez pas sur moi pour vous faire une chronique du concert, j’étais dans un tel état que je ne m’en rappelle pas vraiment. Toujours est-il que j’ai délégué mes collabos, Rom et Julien, en meilleure forme, pour interviewer Hellbats et les Voodoo Devils (voir p. 62). Romain, de l’association VDK nous propose en fin de soirée de faire une interview d’Up To Vegas, l’excellent groupe punkabilly allemands qui a clos la soirée. Devant nos réticences dues à nos problèmes de maîtrise de la langue d’Oxymoron et aussi de celle des Clash, Romain nous propose de faire l’interprète. Nous nous retrouverons donc le lendemain chez lui pour questionner Up to Vegas au saut du lit. Mais ceci est une autre aventure (voir p. 58.) Pour l’instant Rom et Julien causent avec Hellbats. |
Rom : On va commencer par une petite présentation du groupe, un petit historique.
Élie : On est né en 97, on vient de Montbéliard. On est 3 musiciens à la base : Cédric à la contrebasse, moi je suis à la guitare et au chant et le batteur c’est Thomas. Mais moi j’ai une tendinite en ce moment, donc ce soir on avait un guitariste remplaçant, qui joue avec les Kryptonix de Montbéliard [à l’heure actuelle, ce guitariste, JP, fait partie du groupe à plein temps, comme deuxième guitariste]. On a un 45 tour sur le label Pure and Proud qui est ici, label uniquement psychobilly. D’ici quelques mois, on aura 2 guitares, contrebasse, batterie.
Julien : Avec Blue Movie non ?
Élie : Ouais ! Blue Movie c’est un groupe australien. Là on a un 6 titre qui est sorti sur Nova express, label de Chalons sur Saône qui produit des groupes garage comme Cow Boy from Outerspace, Hawaï Samouraï, un groupe de surf, un très bon groupe d’ailleurs, avec qui on doit tourner normalement d’ici peu. On a été influencé par toute la scène psycho des années 80, mais notre but c’est d’apporter quelque chose de nouveau en amenant des influences hardcore, punk, voir même quelque fois metal. Pour faire évoluer le mouvement vers quelque chose de nouveau et faire une musique originale. On aime pas les groupes qui font du sous-Demented are go, du sous-Nekromantix. Notre but c’est d’apporter quelque chose, que les gens aiment, que les gens n’aiment pas… Nous on aime ce qu’on fait, on croit en ce qu’on fait et pour l’instant il y a du monde qui nous suit, on est content. Récemment on a fait une tournée avec Hellbillys, un groupe ricain, qui tourne pas mal là-bas. Il y a eu des bonnes dates et des moins bonnes. On a fait 9 dates en Allemagne, ça c’est très bien passé. C’est mon groupe préféré parce que c’est un groupe psycho-punk, qui apporte plein d’influences. C’est des amis à plein de groupes de la côte ouest des USA. Ils ont vu la scène punk hardcore se développer et voilà. On a fait une tournée Berlin, Hambourg, la France,… ça c’est plutôt bien passé. Il y a eu des dates avec un peu moins de monde, dans l’ensemble on est content.
Julien : En fait ce qu’on peut remarquer c’est qu’il y a pas mal de groupes sur le 25, le Doubs, il y en a beaucoup en Allemagne et étrangement en Alsace il n’y a rien. La scène est très pauvre. De l’autre côté du Rhin, on arrive à voir tout plein de festivals comme à Speyer. Selon vous c’est du à quoi ?
Cédric : C’est surtout quelques villes. Il y a des noyaux concentrés autour de ces villes. En France il y a aussi quelques noyaux. En Vendée, il y a un gros noyau. Chez nous ça c’est développé.
Élie : En Allemagne, c’est dans la culture en fait. T’as toujours eu une scène underground vachement grosse (punk, hardcore, psycho) et en France, je peux pas te dire pourquoi, mais il y en a moins. Il y a quand même eu les Happy Drivers, qu’est un groupe excellent…
Rom : Et depuis que vous tournez vous avez vu l’évolution du public psycho, des gens qui viennent par l’intermédiaire du punk rock… ?
Élie : Ouais tu vois tout ça. Mais moi je supporte vraiment la scène française parce qu’elle s’intéresse vraiment aux groupes nouveaux. Alors que la scène allemande, elle m’énerve un petit peu dans le sens où elle reste bloquée sur les années 80. C’est ce qui amène des groupes comme les Flatliners, Hangmen un excellent groupe autrichien, ou les Meantraitors, un très très bon groupe russe, à splitter. Ils n’ont pas de soutien de la nouvelle scène qui apporte trop d’importance aux groupes des années 80, qui font reformations sur reformations, avec des batteurs pas carrés qui font de la musique pas professionnelle pour moi. Moi je suis assez énervé par rapport à ça et je supporte vraiment la scène psychobilly newschool. C’est les groupes qui sont apparus entre 90 et 2003.
Rom : On peu rattacher ça à tous les mouvements “ new vawe ”, comme pour le ska… J’ai l’impression que dans les années 90 il y a eu un renouveau de toutes les musiques depuis les années 50-60, plutôt traditionnelles.
Élie : Pour moi l’évolution elle est super importante parce que sinon tu tourne en rond et tu viens à faire du sous-vieux groupes. Ça on est contre, on a toujours voulu faire un truc qui sonne… que le mec il écoute il puisse dire : “ ça c’est Hellbats, c’est pas du sous-Demented are go, du sous-Meteors ”. Il y a des gens qui aiment pas, il y en a qui aiment bien, on s’en bat les couilles.
Rom : Il y a un côté un peu puriste…
Élie : Moi je respecte vraiment la scène psycho comme je respecte beaucoup de scènes. On est un groupe assez ouvert, on peut écouter pas mal de musiques, du moment que ça reste rock et que ça envoie, quand même. Je suis pas fan de ska, de reggae, de hip hop, mais il y a des choses à prendre dans un peu toutes les musiques. A part les musiques trop pourries, comme la techno et ces machins là.
Rom : Dans votre public, il y a des gens qui écoutent du ska, du punk rock, il y a un mélange.
Élie : On a quand même pas un gros public ska qui vient nous voir, on a plus un public psycho et à ça s’associent un public hardcore, un public punk et, en France, aussi pas mal de metalleux qui aiment bien ce qu’on fait. C’est des mecs qui ont aimer le psycho par rapport à des groupes française influencés par le metal.
Julien : Vous avez l’intention de continuez plutôt chez Pure and Proud ou chez Nova ?
Cédric : On sait pas, on verra bien.
Élie : Pour le dernier disque, on a mis des ronds dans l’enregistrement. C’est un 6 titres qu’on vend 10€, mais je pense que ça les vaut parce qu’on a mis des tunes dans la production. On veut avoir un son correct, c’est important, surtout en 2003. On aimerai trouver un label assez gros. Plus gros il sera, plus on sera content. On veut avoir des tunes pour faire ce qu’on veut.
Rom : Comment vous situez-vous par rapport à la scène de Montbéliard ?
Élie : On fait partie des Productions de l’Impossible, on a 20 concerts à notre actifs dont 2 gros festivals psycho qu’on fait chaque année. On a fait jouer Hellbillys, Phantom Rockers, Hangmen, entre autre. On organise des concerts punk comme hier, des concerts ska, comme 8°6 Crew, Rude & Visser (ex Mister Review), une soirée Oï avec les Teckels de Paris. On a même fait un plateau metal.
Julien : C’était plutôt au Palot ?
Élie : Palot et Atelier des Moles.
Julien : Tu retrouves maintenant des grosses salles, comme la Laiterie, Molodoï à Strasbourg et à côté des cafés, qui sont de plus en plus emmerdés à cause du volume sonore. Et cette culture underground dans les cafés elle disparaît. Il y a des associations qui arrivent plus à produire. Et sur Montbéliard ?
Cédric : C’est pareil. On avait un caf’conc, qui s’appelait Pinky Bar et qui a fermé aussi à cause de nuisances sonores. C’est dommage c’était vraiment le lieu excellent pour faire passer un groupe en tournée. Tout le monde y gagnait. On nous a fermer ça. Les subventions pareil, on a fait des demandes, mais que dalle. Tu fais des efforts toi-même, mais après tu n'as plus de diffusion. T’as des groupes, mais plus personne pour les faire jouer.
Élie : On est une association structurée, loi 1901, on a près de 25 concerts à notre actifs, qui tournent au minimum entre 100 et 300 personnes, des soirées cinéma, avec des DJ… ça c’est toujours très bien passé. Pas une bagarre, pas d’histoires de politique, les scènes se côtoient dans une très bonne entente et le seul problème que l’on a aujourd’hui c’est un problème de lieux de diffusion. On a aucune subvention et on galère, mais on y croit. On arrive à se faire assez de tunes sur les concerts pour pouvoir continuer à en faire et on bosse dur.
Rom : Comment arrivez-vous à faire fis des clivages politiques en faisant de la musique ?
Élie : Je vais pas dire qu’on est apolitique, parce qu'en disant ça tu en fait plus ou moins. Mais on est là pour faire de la musique, on s’en bat de ce que les gens ils pensent au niveau politique. On fait du rock’n’roll, on fait pas de textes engagés. On parle de ce qui nous est arrivé,… On peut côtoyer tous les publics, public hardcore, parfois redskin… Il y a jamais eu de problèmes en fait. C’est vrai que s’il y a pas de fafs tant mieux quand même.
Julien : C’est un peu un truc qui me dérangeait avec Pure and Proud, qui diffuse par exemple Bunker 84.
Élie : En fait, il a distribuer des disques Oï !, mais après moi je connais pas la Oï ! Il a eu des échos par rapport à ça. Il part du principe qu’il peut vendre aussi bien ça que Kalles Caviar ou 8°6 Crew. Le psycho c’est pas de politique, pas de religion. Son point de vue à lui, je pense que c’est qu’il se bat les couilles de ce que t’en pense et il vend ses disques, et s’il peut se faire des ronds, c’est bien, il s’en fout. Quand tu vends un disque, que ce soit red ou engagé de manière nationaliste, c’est avant tout parce que tu aimes peut être cette musique. Il s’en bat les couilles de la politique. Après c’est vrai que le nom du label, Pure and Proud, ça peut faire peur, mais c’est Pure and Proud Psychobilly. Tu peux voir avec lui que c’est un mec très droit, très carré, limite straight edge. Il peut paraître froid, mais c’est une image que les gens se font. Dans les soirées à Montbé il y a souvent des blacks des rebeus (Two Tone Club et des potes harcoreux,...) et on s' entend tres bien avec eux, alors arrêter de prendre la tête à dire que les psychos c' est des fachos, etc. Les histoires de politique c 'est de la merde on a autre chose à faire. C est du rock 'n' roll point. On s’entend très bien. Il n’y a jamais eu de fafs sur les concerts à Montbéliard, ou s’il y en a c’est juste 2.
Rom : Qu’est ce que vous avez prévu dans les prochains temps (concerts, disques…) ?
Élie : On organise une soirée cinéma, avec une after avec des DJ. En mars, on fait un festival ska avec les ex Mister Review [Rude and Visser], un groupe de soul [Soul Invaders]. Et on fera aussi une tête d’affiche Meteors / The Exploited. Un site web va sortir bientôt avec les 4 groupes de l’association : Two Tone Club (Ska), Hawaï Samouraï (Surf), Kryptonix (Psycho) et Hellbats (Psycho). Le contact mail c’est :
productionsimpossible@yahoo.fr vous aurez toutes les infos sur les soirées et tout ça.
Rom : En bonus track, quelques questions oubliées : quelles sont tes influences ?
Élie : Meteors, Nekromantix, Mad Sin, le punk rock avec des groupes comme Misfit ou les Ramones, Exploited, le rockabilly, Brian Setzer, le metal, Slayer, Annihilator, un groupe de trash américain qui déchire tout, Black Sabbath,… c’est vachement important, on a fait une reprise, c’est un morceau vachement calme, mais c’est noir, on aime bien ce que ça dégage. On écoute aussi du hardcore, j’aime bien Sick of it all,… e Je trouve ça excellent. Je peux écouter en même temps Madball, comme je peux écouter Supersuckers ou New Bomb Turks, Hellacopters… des milliards de choses. Du garage aussi, Cow Boy from Outerspace c’est un bon groupe, on est sur le même label en plus. J’écoute pas vraiment de ska. J’écoute un peu Two Tone Club, c’est un bon groupe, ça tient debout. J’aime bien les Specials. Les grosses influences c’est le rock’n’roll de base, le psychobilly. Des groupes contemporains comme Milwaukee Wildmen, Hellbillys, on est des gros fans. Voir même des groupes comme Kryptonix. Lone Sharks c’est un très bon groupe. Happy Drivers, voir les premiers Wampas. Je peux t’en citer des quantités incroyables, d’un peu toutes les scènes rock qui se bougent.
Julien : Si on organise un concert à Strasbourg, ça vous intéresse ?
Élie : Ouais, ça dépend des conditions. Nous on est pas contre aussi de jouer avec un groupe punk, un groupe hardcore.
Julien : C’est bien aussi de varier, parce que trop de groupe d’un même style, t’as l’impression d’entendre la même chose. Avec plusieurs groupes dans plusieurs styles, ça peut faire des bœufs intéressants.
Élie : Moi je suis assez pour mélanger, mais c’est pas le point de vue de la scène du côté allemand.
Rom: OK, merci. On garde le contact.